"Au retour, nous retrouvions notre baraque chauffée à blanc par le soleil de la journée. En poussant la porte nous retouchions terre. Le silence, l'espace, peu d'objets et qui nous tenaient tous à coeur. La vertu d'un voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir."
Ce paragraphe est extrait de 'L'usage du monde" de Nicolas Bouvier. Gallimard publie les oeuvres complètes de cet écrivain voyageur. Plus de 1400 pages, des textes magnifiques.
On connaît tous les guides verts, ils font parti de l'histoire du tourisme et des vacances. Mais connaissez-vous le guide jaune d'Ibiza ? Non ?
Il n'aucun lien avec son aîné. D'abord, il est vraiment jaune et n'existe que sur le net. Sa maquette minimaliste est un des fleurons du Spanish Bizarro, il ne contient aucune photo, aucune carte de l'île, pas d'animation flash.
Alors, pourquoi le visiter ?
Parce qu'il est aussi différent dans son contenu.
Le guide jaune d'Ibiza.
Dans les années trente, le romancier roumain Mihail Sebastian arrive en France. Il raconte ses rencontres et décrit ce qu'il voit dans un ouvrage "Promenades parisiennes" on visite le Louvre, le Quartier Latin, l'Exposition colonial... Les éditions L'Herne publient ces écrits, auxquels ils ont ajouté "Dans les Alpes" et "Chez les écrivains". Il est marrant de voir que le voyageur compare souvent l'endroit qu'il visite avec l'endroit où il habite, c'est inévitable. Son style est riche, mais léger, un livre à lire dans le train ou le métro "Glacière. Là, le métro devient aérien sur quelques centaines de mètres. J'éprouvais une joie enfantine à regarder par la fenêtre, à voir les passants sur le boulevard, à voir le ciel."
Voici un livre à lire au retour d'un voyage à Florence. Vous croyez connaitre la ville, pourtant après avoir lu "Florentiana" de Thierry Laget, vous réaliserez que vous n'avez fait qu'en effleurer la surface.
Quand des voyageurs se rencontrent, qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires de voyageurs. À notre époque moderne, le cinéma remplace la veillée au coin du feu. Au lieu d'écouter en silence un aventurier, narrer ses périples, le spectateur du XXIIe siècle envoie des SMS et mange des pop corn en regardant des films. Et le voyageur contemporain ne soigne plus sa monture ou son fier destrier, il voyage à bord d'avions. Donc aujourd'hui, on parle films d'avions.
