Bolzano
5 bonnes raisons de venir à Bolzano : le Museion, les châteaux,les vins du Trentin-Haut-Adige, les restaurants, la randonnée.
Quand on arrive à Bolzano par le Brenner, ce qui est le cas de beaucoup de visiteurs, après la simplicité des montagnes tyrolienne on est un peu surpris, voire déçu par le côté “zone industrielle” de la ville. Mais il ne faut surtout pas rester sur ce premier sentiment, le vieux Bolzano vaut qu’on séjourne un peu, pour la ville, mais aussi pour les alentours qui sont spectaculaires.
L’activité culturelle et artistique de Bolzano est incroyable pour une ville de cette taille, qui dispose d’un superbe musée d’art moderne, d’un orchestre symphonique avec son propre auditorium et d’un théâtre. Festivals et expositions s’y succèdent toute l’année, la région a même accueilli la septième édition de Manifesta. Bolzano était la Capitale européenne de la culture en 2019.
C'est quoi Bolzano?
Pardon pour la rudesse de la question, en fait, Bolzano, c’est un peu le caméléon de l’Europe. Nichée entre les montagnes du Tyrol du Sud, cette ville italienne a tout du patchwork culturel : un pied en Italie, l’autre en Autriche, et le cœur quelque part entre les deux.
Une histoire mouvementée
Difficile de parler de Bolzano sans évoquer son grand écart géopolitique. Longtemps partie du comté du Tyrol (autrichien), elle passe sous contrôle italien après la Première Guerre mondiale. Mussolini, dans son obsession d’italianisation, y envoie des colons italiens et interdit l’allemand.
Sauf que voilà : après la Seconde Guerre, les Tyroliens du Sud ne lâchent pas l’affaire et arrachent un statut d’autonomie en 1972. Aujourd’hui encore, les habitants jonglent entre italien et allemand, et on y trouve des panneaux bilingues partout.
Mais tiens, un fait moins connu : dans les années 1960, des indépendantistes tyroliens vont jusqu’à poser des bombes sur des pylônes électriques pour protester contre l’occupation italienne. Ambiance.
A Bolzano, l’art, entre églises et avant-garde
Bolzano, c’est aussi une ville où le gothique et le moderne cohabitent en douceur. La cathédrale Santa Maria Assunta, avec son toit en tuiles vernissées, fait office de carte postale officielle. Mais ce qu’on oublie souvent, c’est son clocher de 65 mètres, construit par des maîtres d’œuvre souabes (c’est-à-dire allemands du Sud).
Et côté art contemporain ? Il faut aller voir le Museion, le musée d’art moderne, qui fait un peu ovni dans le paysage. Fun fact : en 2008, une femme de ménage zélée a accidentellement jeté une installation artistique qui représentait un... champ de bouteilles vides et de cendres. Elle pensait qu’il s’agissait des restes d’une soirée trop arrosée. Un classique.
Une table qui mixe les cultures
Bolzano est un rêve pour les gourmands. On y trouve à la fois des plats autrichiens bien costauds et des spécialités italiennes plus raffinées. Les Knödel (ces boulettes de pain et de lard) côtoient les raviolis et les antipasti. Mais un vrai trésor caché, c’est la "Strauben", une sorte de beignet en spirale, servi avec de la confiture d’airelles.
Autre pépite : le "Tirtlan", une spécialité que peu de touristes connaissent. C’est une sorte de chausson farci aux épinards ou à la choucroute, parfait avec une bière locale.
La star : Ötzi, la momie du glacier
Difficile de quitter Bolzano sans parler de sa célébrité locale : Ötzi, l’homme des glaces, vieux de 5 300 ans. Découvert en 1991 par des randonneurs dans les Alpes, il est depuis précieusement conservé dans un musée de la ville. Mais ce qui est moins connu, c’est que la découverte d’Ötzi a déclenché un mini-drame géopolitique : l’Autriche pensait qu’il était sur son territoire… avant qu’un recalcul ne montre qu’il était côté italien. Raté !
Bolzano, c’est un joyeux bazar culturel et historique, où l’Italie et l’Autriche se répondent dans l’assiette, dans la langue et sur les façades. Une ville qui a su transformer son passé mouvementé en un mélange harmonieux, et qui mérite largement plus qu’un simple détour.