Sucre
Pour être honnête signalons une ombre à ce tableau idyllique: le petit mendiant que nous avons rabroué, dont le regard suppliant me poursuit encore dix mois plus tard. J’éprouve donc le besoin d’évoquer les circonstances de cet incident, pour une sorte de psychothérapie via internet: nous sortions, le soir d’un restaurant situé sur la grande place lorsque nous avons vu une femme s’installer pour la nuit, avec ses deux jeunes enfants, au pied du lampadaire qui éclairait la sortie du restaurant. Passant outre les conseils de tous les guides nous lui avons laissé une petite pièce. Dans la minute qui a suivi, sortant d’on ne sait d’ou, un gamin a jailli et s’est accroché à nous; au figuré et au sens propre (si l’on peut dire car son visage et ses mains étaient recouverts d’une crasse épouvantable et il était certainement pouilleux) Il rejetait tous nos arguments avec l’énergie du désespoir. Pour l’éloigner nous avons fini par le menacer d’appeler la police. L’effet a été immédiat, a dépassé notre attente. Nous avons vu la terreur s’exprimer sur son visage, il est parti , d’abord à reculons en répétant « no...no »puis en détalant. Nous nous sommes regardés sans rien dire mais je suis sûre que tous nous avons eu honte et avons regretté nos menaces. Mais où fallait-il reprendre le scénario? en sortant du restaurant, ne pas voir la pauvre femme, ne pas lui donner l’obole ou un peu plus tard quand l’enfant est apparu? éternel problème des visiteurs de ces pays pauvres. Chassons ce souvenir et revenons à notre périple.